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La ville est en perpétuel mouvement. Elle va vite, elle consomme.

Dans un monde où la géométrie est un carcan, tout semble se précipiter. Les façades photographiées pour ce projet sont à la fois un objet et une représentation. Ces architectures nous présentent le rythme de la ville: plus ou moins lisses mais aussi quelque peu répétitives et monotones.

Ces façades ont également un sens figuré: c'est une apparence. Un masque qui paraît encadrer et atténuer le désordre de la ville qui se consume dans sa propre effervescence.

 

Ces fragments de milieux urbains, sortis de tous contextes et de toutes échelles, révèlent la ville dans ses contradictions. Modernité et usure, harmonie et chaos se rencontrent et s'entremêlent au cœur de la ville.

Mon travail sur ces différentes structures met aussi en évidence un rapport à la temporalité. Les clichés ne sont volontairement pas datés mais ils sont cependant une manifestation du temps qui passe. Ces structures sont victimes du temps. Nous passons alternativement, dans ce projet, d une géométrie aux lignes parfaites à la discontinuité et au délabrement.

 

L’une de ces structures serait-elle le devenir d’une autre?

Le temps va-t-il seulement dénaturer les reliefs et les couleurs pour ne laisser transparaître que des stigmates ou squelettes de béton?

Ou la dégradation peut-elle également être prise en compte dans l'ajout de matière déposée au fil du temps et des aléas du climat et de l'usure?

 

Les architectures régulières laissent peu à peu place à la déstructuration de leurs éléments. L’organisation nette et contenue de la ville s’efface et attire le regard sur de nouveaux espaces dénaturés et dépossédés de leur régularité.

 

Ces bâtiments dégradés ont toujours leur essence géométrique et répétitive mais ils sont désormais métamorphosés.

Telle la statue de Blocus, de nouveaux éléments sont venus s’ajouter au cours des années et d autres ont disparus, transformant ainsi la façade.

 

Ce projet ne souhaite pas rendre esthétique l’environnement urbain. Il s agît plutôt de mettre en lumière la liberté, le mouvement et l'évolution de la matière et de la forme au sein de la structure urbaine.

 

Initiée à l’Art depuis l’enfance, j’ai d’abord choisi d’étudier la peinture. La photo, qui n’était alors qu’un support documentaire est devenu mon médium de prédilection. Fascinée par les No Man’s land d’aujourd’hui, mon regard s’est porté sur les paysages inhabités, les déserts industriels, la périphérie urbaine.

Influencée par le travail sériel de Bernt & Hilla BECHER, notamment par Les Typologies, qui rendent de la visibilité à des structures oubliées ou standardisées et sublime la laideur industrielle.

La recherche du motif chez Andreas GURSKY qui immerge le spectateur dans ses images et lui donne le vertige.

Chez Candida Höfer, le fait de rendre apparente la structure en se débarrassant de la présence humaine.

Comme eux, je passe mon temps à observer mon environnement, et revient faire des photos dans des lieux qui ont touché ma curiosité. Mon regard se concentre de plus en plus sur des détails qui tendent vers une forme d’abstraction géométrique afin de jeter le doute dans l’esprit du spectateur sur ce qu’il voit.

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